Grand champion de pelote, Pampi Laduche transmet aujourd’hui son savoir aux jeunes générations, notamment en collaborant avec Esku Pilota. Retour sur son parcours.
C’est dans sa maison, à Saint-Jean-de-Luz, que Pampi Laduche nous accueille, au bord du golf de Chantaco. Une demeure imposante et accueillante. Comme son propriétaire. À 65 ans, on ne présente plus Pampi Laduche. Sous ses allures de rugbyman se cache une sensibilité méconnue du grand public. Natif d’Ascain, fils de Joseph Laduche, grand joueur de pelote basque à main nue, il a suivi les traces de son papa. “Il avait vu que j’avais des dons pour la pelote”, se souvient Pampi Laduche. Dès son plus jeune âge, il a pu profiter du trinquet familial où il passait la plupart de son temps. “Quand j’étais jeune, je n’aimais pas que les gens louent le trinquet parce que je devais sortir. À chaque fois, je partais en pleurant”, raconte-t-il, amusé.
Passionné par ce sport, il a tenté de jouer au rugby à l’âge de 13-14 ans, mais son père l’a rapidement remis dans le droit chemin. Bien lui en a pris. À seulement 17 ans, Pampi est sélectionné pour jouer la Coupe de France Open, une compétition de haut vol mêlant amateurs et professionnels. Habitué au poste d’avant, Pampi Laduche joue cette fois-ci à l’arrière, aux côtés de Gabi Elissalde, avec qui il remporte le titre. Ils récidivent l’année suivante. À 18 ans, Pampi devient champion du monde en tête à tête, à Montevideo. C’est le début de la gloire. Il rentre à Ascain, tel un héros, mais son père lui fait garder les pieds sur terre : “ce n’est rien du tout ce que tu as gagné. C’est maintenant que cela commence”, lui assure-t-il.
Double champion d’Espagne
Au retour des Championnats du monde, Pampi Laduche devient le plus jeune pilotari à passer indépendant. À 19 ans, il remporte le Championnat de France aux côtés de Pantxoa Sein. La même année, il gagne le titre en tête à tête. Et fait également le doublé l’année suivante. Malgré un mal de main récurrent, Pampi Laduche devient imbattable en trinquet. “J’avais les mains très fragiles et je me suis dit que j’allais compenser par les pansements”, explique-t-il. Petit à petit, il développe sa propre technique.
Au fil des ans, le pilotari garde un rêve en tête : jouer en mur à gauche, en Espagne. Un rêve qu’il atteindra au prix de nombreux efforts. Rentré par la petite porte, il gravit les échelons petit à petit et atteint la 1resérie en 1978. “Je m’entraînais comme un fou”, se souvient-il. Trois ans plus tard, il est élu meilleur joueur du trophée de Logroño. À l’époque, il n’envisage pas de remporter un championnat. Et pourtant. En 1987, il remporte ce qu’il estime être “le titre suprême” : le championnat d’Espagne en deux à deux, aux côtés de Tolosa. Il se souvient encore du score et de ses adversaires : “nous avons gagné 22-14 contre Alustiza et Galarza III” . Un rêve qu’il réalise sous les yeux de son papa. “On a de grands moments dans la vie… Mais aussi de très durs”, lâche-t-il, ému.
“Je comptais arrêter la pelote”
Le coup dur arrivera deux mois plus tard. Son père, âgé de 68 ans, décède d’une crise cardiaque dans ses bras. Une perte qui l’affecte dans sa vie de pilotari. L’année suivante, il perd la finale du championnat. “Je comptais arrêter la pelote”, raconte-t-il. Encouragé et soutenu par sa femme, Janou, il poursuit son chemin en Espagne et remporte de nouveau le titre de champion en deux à deux, en 1989. Une nouvelle fois avec Tolosa. Il poursuivra sa carrière jusqu’en 1995.
À la retraite, il ne restera pas bien loin des kantxa. Sa carrière terminée, il devient entraîneur et prend sous son aile Yves Sallaberry (Xala), Sébastien Gonzalez et autres Thierry Harismendy, en mur à gauche. Puis arrive l’association Esku Pilota. Il décide de donner un coup de main et transmettre son savoir aux plus jeunes, aussi bien pour les pansements que pour les entraînements. “C’était une belle initiative et je trouvais Jean-Baptiste De Ezcurra très courageux”, souligne-t-il. Aujourd’hui encore, il reçoit les jeunes mais aussi les Élite pro, chez lui, à Saint-Jean-de-Luz, pour leur faire les pansements et leur délivrer ses conseils. On peut aussi l’apercevoir de temps à autre dans les trinquets, au filet du fond, coacher les meilleurs joueurs tel Mathieu Ospital, à l’occasion du tournoi Eskulari Pro Pilota, à Villefranque. Un véritable papa poule avec les joueurs qui le lui rendent bien.