Depuis cette année, Esku Pilota propose aux joueurs Élite pro un encadrement global pour leur permettre d’améliorer leurs performances sur la kantxa. Un encadrement technique, physique et médical.
L’année 2021 a signé un tournant chez Esku Pilota. Nouveau co-président de l’association, Christophe Mariluz souhaitait poursuivre le travail effectué depuis dix ans par Jean-Baptiste De Ezcurra, en assurant un circuit avec des tournois dans tous les villages du Pays basque et en dehors. Il a également apporté sa patte, aux côtés de Jean-Noël Landabure, pour accentuer le travail de professionnalisation de la pelote basque à main nue.
Pour ce faire, il a d’abord recruté un nouvel entraîneur technique : Yves Sallaberry (Xala). L’ancien joueur de mur à gauche vient compléter l’équipe déjà formée par Pampi Laduche* et Alain Héguiabéhère. Les trois anciens joueurs se partagent les entraînements à Bayonne, Ascain et désormais Saint-Jean-Pied-de-Port. À eux trois, ils apportent leurs conseils aux joueurs Élite pro mais également aux amateurs prometteurs, pour qu’ils progressent et puissent franchir un palier. En parallèle, depuis quelques mois, des entraînements physiques sont également proposés aux pilotari dans deux salles de sport : Kinka, à Saint-Pée-sur-Nivelle, et Hatsa, à Ossès. « Nous souhaitions faciliter l’accès aux entraînements aux joueurs qui sont issus de différents clubs. En liant un partenariat avec une salle de sport sur la côte et une autre à l’intérieur du Pays basque, nous couvrons un secteur assez large qui permet aux pilotari de venir s’entraîner régulièrement », explique Christophe Mariluz.
« Un objectif à chaque séance »
À Hatsa Sport, à Ossès, les entraînements ont lieu tous les mardis soirs de 20h à 21h, avec le coach Frédéric Faucher. « Je leur propose un travail varié en fonction de ce qu’ils ont fait avant, s’ils ont joué ou pas la veille et en fonction de leur partie future. Avec certains joueurs on s’accorde pour avoir une intensité un peu moins importante. Je cible sur un objectif à chaque séance », souligne-t-il. Tous les mardis, quatre ou cinq joueurs viennent s’entraîner, Élite pro mais aussi amateurs. Le 26 octobre, par exemple, étaient présents Philippe Bielle, Andoni Iphar, Antton Luro et Alexis Héguy. Chaque séance débute par 10/15 mn d’échauffement avant d’entamer la séance en elle-même qui dure 40/45 minutes.
Un entraînement intensif avec différents exercices et ateliers. Burpees, boxe, squats sautés, course, rien ne leur est épargné. Les pilotari enchaînent les exercices sous l’œil avisé de Frédéric Faucher qui les guide : « essaie de ne pas trop lever les talons », « descend les fesses », « garde ton buste haut ». Le coach les motive également, sur un fond d’AC/DC : « allez jusqu’au bout, tu y es presque », « on tient, on tient, on tient ». Plus le temps passe, plus les pilotari grimacent. Mais ils n’abandonnent pas et donnent tout jusqu’à la fin. Plus que le physique, c’est aussi parfois le mental qu’ils travaillent, comme le souligne Frédéric Faucher : « l’objectif est d’améliorer toutes leurs qualités physiques qui sont utiles à la pratique de la pelote à main nue, de savoir gérer leur fatigue, d’éprouver leur mental. Pendant les séances, c’est l’occasion aussi de pouvoir atteindre leurs limites voire de les dépasser ».
Malgré la douleur et la fatigue, les joueurs apprécient ces entraînements en salle. « C’est un peu dur mais on s’amuse bien. Je n’étais jamais allé en salle de sport. Ma préparation c’était plus de la montagne. Ici, c’est autre chose, je m’aperçois qu’on apprend avec de nouvelles machines, qu’on fait de nouveaux exercices. On travaille des muscles que l’on n’avait pas l’habitude de travailler, c’est très bien », assure Philippe Bielle.
« Cela va être un gros plus »
Même son de cloche de l’autre côté du Pays basque, à Saint-Pée-sur-Nivelle, chez Kinka Sport, avec le coach Daniel Larrechea. « Avec Daniel, qui a une grosse expérience dans le domaine du sport et de la pelote, on aborde la prépa physique selon la morphologie de chacun, suivant les besoins de chacun. Personnellement, je dois beaucoup travailler mon physique. Je pense que cela va être un gros plus », estime Vincent Elgart. Le joueur d’Urrugne participe aux entraînements collectifs qui ont lieu en fonction de l’emploi du temps de chacun. « J’essaie de coller à leur planning et de les voir individuellement aussi. Depuis début octobre on se regroupe par trois ou quatre joueurs », précise Daniel Larrechea.
À chaque séance de groupe, le coach prépare un cross training qui comprend 15/20 minutes d’échauffement. Ensuite, un gros renforcement avec un mix de course et de musculation pour le début de semaine. « En fin de semaine, s’il y a des parties qui se profilent, on est sur un travail de vitesse, explosivité, répétition avec un travail court et beaucoup de récupération pour qu’ils soient prêts à jouer le lendemain ou le surlendemain », détaille Daniel Larrechea. Ce dernier, en plus d’encourager et guider les joueurs, participe également et fait chaque exercice avec eux.
Il leur donne également des conseils et des exercices à faire chez eux car les entraînements en salle ne suffisent pas s’ils veulent progresser. « J’essaie, à mon niveau, de les éduquer, de leur donner des habitudes, répondre au mieux aux intentions de chacun en créant de la proximité. Ils ont des séances à faire tout seul, du renforcement et pourquoi pas la récupération avec des étirements. J’essaie d’échanger un maximum avec eux pour connaître leur routine et voir s’il y a besoin de changer ou d’améliorer des choses », explique Daniel Larrechea. Certains joueurs qui viennent à Kinka depuis plusieurs mois voient déjà les effets bénéfiques de ces séances, comme Jon Saint-Paul : « dans les parties, on se sent mieux, on bouge plus vite, on n’est moins surpris par la vitesse. Au tout début c’était assez dur, mais au bout d’un moment, on s’habitue. Pour essayer de titiller un peu les joueurs du groupe A, il faudra s’entraîner encore plus ».
En plus d’un encadrement technique et physique, les pilotari ont désormais toute une équipe médicale à leur disposition : trois kinésithérapeutes, un podologue, un radiologue, un coach individuel, un préparateur mental, une nutritionniste et ils ont accès à un centre de cryothérapie.
* l’article a été rédigé avant le décès de Pampi Laduche