Quelle finale manomanista ce dimanche au fronton Bizkaia de Bilbao ! Iker Irribarria, du haut de ses 19 ans, a gagné la partie la plus attendue de l’année en Hegoalde face à Mikel Urrutikoetxea. Plus jeune vainqueur de l’histoire de la pelote, le précédent avait été Ruben Beloki en 1995.
Victoire logique au regard de la partie alors que les deux finalistes ne s’étaient jamais rencontrés jusque là. Irribarria qui avait battu Olaizola II et Bengoetxea VI a toujours mené et même si le Biscayen est revenu sur lui à mi-chemin (16/13), ce sursaut d’orgueil ne servira que d’écran de fumée : Iker terminera à fond la caisse pour l’emporter 22 à 13. Devant 3000 pelotazale chauffés à blanc dans ce temple moderne du mur à gauche, le fils d’Arama et d’Ordizia a fait preuve d’une force incroyable et d’une expertise surprenante : quels sotamanos puissants, quelles volées placées, quelle vista pour terminer les points en vieux lascar ! Le Biscayen Urrutikoetxea, déboussolé, ne trouvait pas ses marques et commettait même des fautes grossières. Pourtant, sa tactique semblait la bonne : provoquer son adversaire sur la droite, sur sa main la plus faible, en croisant au maximum ses relances. Peine perdue, en moins d’une heure, une légende était née. C’est Retegui qui affirmait après la finale : « Irribarria arrive pour entrer dans l’Histoire ! ». Rien que ça. Alors que les parieurs hurlaient de plaisir ou de déception. Avec peu ou pas de spectateurs venus du Nord.
De retour de Bilbao, je revoyais ces images de fête où la tradition d’une culture, alliée à la force du sport, se développe aujourd’hui au rythme des caméras, des micros, des panneaux publicitaires, du bruit et de la lumière, de l’argent qui transpire à chaque coin d’une cancha propre comme la table d’un banquier…
Le professionnalisme de la pelote atteint ici ses meilleurs sommets mais aussi ses limites. On peut rêver de tels moyens, d’un tel professionnalisme, d’une organisation aussi huilée, d’une telle caisse de résonnance malheureusement aseptisée…
Mais je ne sais pas pourquoi, je revenais en Iparralde avec l’envie de retrouver nos trinquets, nos joueurs actuels semi-professionnels ou amateurs, nos pelotes plus légères, nos odeurs de taloa et de xingar, les cris de fêtes de village… Parce qu’aussi le jeu y est plus tactique, plus stratégique, plus intelligent, plus élaboré, plus surprenant, plus divers, plus long… Il y a cent façons de faire un point en trinquet, au mur à gauche la panoplie n’est pas aussi riche. D’accord, on peut y voir des gladiateurs mais, allez-savoir pourquoi, on préfère nos artistes !