Ancien grand champion de pelote à main nue, l’Itsasuar Dominique Aguerre revient sur sa carrière et dévoile sa vision de la pelote aujourd’hui. À 69 ans, on le voit toujours dans les trinquets, en tant que spectateur cette fois.
Comment avez-vous commencé la pelote ?
Dominique Aguerre : J’ai toujours joué à la pelote, après l’école, il y avait le fronton en passant et on s’arrêtait. J’ai travaillé à la ferme jusqu’à ce que j’aille à l’armée et chez moi je n’avais pas la permission de jouer à la pelote. Je me faisais engueuler parce que j’arrivais tard pour faire les travaux, à cause de la pelote. J’avais trois kilomètres pour aller de la maison à l’école et en passant il y avait le fronton, le mur à gauche… Au retour de l’armée vers 21-22 ans, comme j’avais un peu de moyens, je m’y suis mis plus sérieusement.
J’ai joué de plus en plus, on commençait à me faire confiance. Comme je faisais partie de la Nautique, monsieur Curutchet m’a fait rentrer aves les bons joueurs. Je m’en suis sorti tant bien que mal et de là c’est parti. En tête à tête et deux à deux j’ai tout gagné et ensuite on m’a passé indépendant. La première année j’avais un peu déraillé mais l’année suivante j’avais éliminé tous les joueurs indépendants. J’étais arrivé en finale mais je l’avais perdue. Les deux années suivantes j’ai de nouveau végété. Je jouais mais je n’arrivais pas en finale puis de nouveau j’ai regagné. Je suis resté indépendant jusqu’à mes 42 ans. A 41 ans, ils m’ont relégué dans le groupe B. J’ai démarré avec le jeune Muscarditz. On est arrivé en finale du groupe B ce qui nous a permis de monter en groupe A où l’on a terminé en finale, que l’on a perdue. C’était la foule des grands jours, on a fait un peu parler de nous. J’ai joué l’année suivante avec Etchegoin puis j’ai demandé à redescendre en amateur où j’ai joué avec les pilotari d’Itxassou.
Je suis très content de ma carrière, je n’ai pas eu d’accident ni trop d’ennuis musculaires. Je travaillais beaucoup à la salle de gym. De nature, j’étais costaud, cela m’a servi tout le temps. J’ai tenu dix ans au plus haut niveau. Il y a eu cinq ans pour y arriver et cinq ans pour s’arrêter. J’ai joué une vingtaine d’années et je ne me suis jamais arrêté plus de trois mois. L’été, on jouait quinze voire vingt parties par mois. Il fallait être bien. Sur le moment on croit que c’est dur mais maintenant, avec le recul, c’était une belle vie.
Qu’est-ce que cela représentait pour vous ?
D.A : Il nous semblait qu’on était quelqu’un. On était bien reçu partout. Même maintenant, tout le monde me connaît, cela fait chaud au cœur. C’était un grand plus, financièrement aussi. Il y avait un peu de monde, on touchait un peu d’argent. Cela m’a permis de faire pas mal de choses que ce soit pour la construction, pour acheter des voitures… C’était une époque où on n’avait pas de problème d’argent. On n’était pas gourmand non plus. A notre niveau, c’était très bien.
A l’époque comment preniez-vous soin de vos mains ?
D.A : On se débrouillait. Les anciens de ce côté-là ne nous aidaient pas beaucoup. Chacun faisait ses pansements. À l’époque, le papa de Pampi Laduche m’a beaucoup aidé. Je l’appelais même papa. Il me faisait jouer quand je voulais. Physiquement, moralement, il m’a beaucoup aidé.
Quel est votre plus beau souvenir en tant que joueur ?
D.A : Il y en a beaucoup. C’est sûr que mon premier titre en amateur était fabuleux. Quand je suis passé indépendant, être champion de France, cela a été extraordinaire aussi. J’ai aussi fait des tournois, par exemple à Buenos Aires. Ce sont de grands souvenirs. Quand on avait fait la tournée en Amérique du Nord, on avait passé six semaines là-bas, ce sont des souvenirs inoubliables. Il y en a « X » des souvenirs comme ça.
Quel regard portez-vous sur la pelote d’aujourd’hui comparé à votre époque ?
D.A : Tout a changé. A l’époque, on n’a pas connu le sponsoring. Maintenant, même s’il n’y a personne dans le trinquet, les joueurs sont payés pareil. Nous, s’il n’y avait personne dans le trinquet, on n’était pas payé. On était payé en fonction de ce qu’ils faisaient comme entrées. En plus, on ne joue pas de la même manière, mais ça plaît parce qu’il y a du monde qui vient. Ce sont les meilleurs qui amènent du monde, les Ducassou, Larralde, Waltary et compagnie. D’autre part, on jouait en 50 points et pas en 40. Je trouve qu’aujourd’hui les joueurs attaquent sans arrêt. Nous, nous jouions beaucoup plus avec la planche, on essayait de mettre l’adversaire en handicap pour avoir des belles pour attaquer. Pour le spectateur je pense que c’est plus joli maintenant.
Que pensez-vous du niveau actuel des joueurs en Elite pro ?
D.A : Aujourd’hui, on a quelques joueurs qui sont plutôt bien. Il y a trois quatre joueurs qui remplissent les trinquets : Ducassou, Larralde, Waltary, Guichandut. Maintenant, il y a aussi Etchegaray qui rentre un peu le nez dedans. A l’arrière, Bixintxo Bilbao est là aussi, il est costaud, il a son mot à dire. C’est malheureux, mais aujourd’hui encore, il n’y a que quatre cinq joueurs qui font venir du monde.
Comment voyez-vous l’avenir de la pelote ?
D.A : Avec toutes les écoles de pelote, on a des jeunes partout. Ce sont des gosses qui promettent. On sera mort que la pelote existera toujours, à son rythme.