Vainqueur des Masters de Bayonne pour la seconde fois, en juillet dernier, Ximun Lambert fait partie des joueurs discrets du circuit Élite pro. Portrait.
C’est sans doute l’un des joueurs Élite pro les plus discrets et les plus calmes sur la kantxa. Pas du genre à se mettre en avant, c’est nous qui avons décidé de le mettre en lumière dans ce magazine. Vainqueur des Masters de Bayonne en juillet dernier, aux côtés de Mickaël Darmendrail, il a signé sa deuxième victoire dans ce tournoi, dix ans après son premier sacre avec Waltary Agusti. C’est d’ailleurs avec le Cubain qu’il a fait une entrée remarquée en Élite pro, il y a dix ans, en remportant dès sa première participation le Championnat de France par équipes. « Waltary m’a toujours aidé et s’est toujours bien comporté avec moi. Ce titre en deux à deux a été un accélérateur dans ma carrière. De suite, je suis arrivé tout en haut et cela m’a permis de passer directement parmi les meilleurs », se souvient-il.
Originaire d’Ispoure, Ximun Lambert a commencé la pelote à main nue dès son plus jeune âge, vers cinq ou six ans. Fils de pilotari, c’est tout naturellement qu’il s’est tourné vers ce sport et qu’il a commencé à jouer avec son frère aîné, Laurent, lui aussi Élite pro jusqu’en début 2021. «On a d’abord commencé à jouer à la Goizeko Izarra, à Saint-Jean-Pied-de-Port, puis vers l’âge de dix ans, nous sommes partis à la Zaharrer Segi de Baigorri », précise-t-il. Passionné par la main nue, Ximun Lambert n’a jamais été attiré par un autre sport, ni par une autre spécialité de pelote basque, comme il l’explique : « pendant mes années collège/lycée, tous mes copains jouaient au rugby mais cela ne m’a jamais vraiment tenté ».
Une belle carrière
Pendant ses années en tant qu’amateur, Ximun Lambert a remporté quelques titres dont celui de champion du Pays basque 1re série avec son frère, quand il avait 21 ans. C’est à cet âge-là qu’il a commencé à rêver plus grand : « quand j’étais petit, je jouais vraiment pour le plaisir. Vers 20 ans, je me suis dit que j’avais mes chances de faire une belle carrière ». Une carrière en Élite pro qui n’a pas toujours été évidente à gérer avec sa vie personnelle. Détenteur d’un bac S à 18 ans, il est parti faire ses études à Bordeaux puis à Pau. Pas facile d’allier études et entraînements. « À Bordeaux, on était un petit groupe à jouer à la pelote. On faisait la préparation physique avec Peio Sanglar, ancien joueur de xare, et on s’entraînait avec mon frère au trinquet de Cestas. Une fois à Pau, je me suis entraîné avec le club de la Section Paloise ».
Encore aujourd’hui, Ximun Lambert doit jongler entre la pelote et son travail. Ingénieur au Cetim Sud Ouest, à Pau, il a toujours au minimum 1h/1h15 de route à faire pour aller à ses parties. Malgré ces allers-retours, il semble jouer à son meilleur niveau ces derniers mois et avoir retrouvé une seconde jeunesse. « Depuis le confinement, on a fait beaucoup de télétravail, cela m’a permis d’avoir moins de déplacements professionnels. Je me sens moins fatigué, souligne-t-il. Je pense que le confinement m’a fait du bien ».
À 35 ans, Ximun Lambert a vu évoluer la pelote depuis dix ans qu’il parcourt le circuit. « Il y a vraiment eu un changement de mentalité des joueurs. Certains voient la pelote comme leur métier à part entière. Ils sont plus exigeants avec eux-mêmes, leurs partenaires, les arbitres et les organisateurs. C’est bien que la pelote se professionnalise mais il faut toujours garder dans un coin de la tête qu’on n’est pas le football ou le rugby ». Réfléchi, posé et calme sur la kantxa, il l’est aussi en dehors. Mais attention, « quand je m’énerve, cela surprend tellement que cela fait très peur », prévient-il. On peut malgré tout lui décerner le titre de plaza gizon de ces dernières années.